Le Cyberharcèlement : un phénomène croissant


Avec la multiplication des réseaux sociaux et la possibilité d’user anonymat ou encore de fausses personnalités, les messages malveillants ont envahi la Toile. Ils sont bien souvent l’expression de lâches qui n’osent pas parler sous leur véritable identité.

Des faits-divers sordides émaillent l’actualité. Ce sont des jeunes gens qui se font harceler parce qu’ils sont différents. Est-ce simplement parce que chaque société a besoin d’un bouc émissaire, d’une victime plus fragile ou moins bien intégrée que les autres individus ? Est-ce que nous ressentons intimement la nécessité de désigner un individu ou un groupe qui attise toutes les haines. Cela a été le cas pour cette adolescente Phoebe Prince en 2010 qui s’est suicidée parce que d’autres élèves ne cessaient de lui envoyer des messages venimeux.

En France, la jeune Émilie s’est défenestrée car elle ne supportait plus le harcèlement dont elle faisait l’objet depuis deux ans. Mais le cyberharcèlement n’est pas uniquement l’aire de jeu des adolescents, ce sont aussi des adultes comme pour « la Ligue du LOL ». Dissimulés derrière ce pseudonyme plutôt sympathique, sévissaient des journalistes hommes. Leurs cibles, des consœurs qui avaient simplement le défaut de ne pas appartenir à leur genre et de leur faire de l’ombre. 

Comment procèdent les cyberharceleurs pour divulguer en toute impunité des contenus qui incitent à la violence ? Quels sont le moyens et les organismes à solliciter pour lutter contre leur influence néfaste, voire nettoyer Internet sinon de leur présence nauséabonde, du moins des messages de harcèlement ? Enfin quels sont recours juridiques qui existent pour sanctionner le cyberharcèlement qui fait chaque année de plus en plus de victimes?

A l’origine était le Verbe 

Si le langage est le propre de l’homme, cela est loin d’être vrai puisque de nombreux animaux et même des espèces végétales parviennent à communiquer. L’homme est cependant sans doute l’unique espèce à l’utiliser à des fins malintentionnées. Pourtant, à l’origine, la parole est quasiment sacrée.

Les textes religieux nous enseignent qu’elle doit être délivrée à bon escient. Les discours d’invective sont réservés aux ennemis. Ils sont dits directement sans passer par le truchement d’intermédiaires. L’art de la rhétorique avec Aristote ne viendra que plus tard et il est plutôt vertueux. Il semble en effet plus intéressant d’employer des euphémismes et des figures de style plutôt que de chercher à détruire un adversaire en le couvrant d’injures et de messages infondés. Ce n’est que lorsque des intérêts sont en jeu, qu’ils soient économiques ou encore politiques que le travail de sape fait son entrée dans l’arène.

Les intrigues de Cour sont célèbres et des récits rapportant des discours désobligeants sont nombreux dans l’Histoire. Ils restent pourtant policés, rédigés avec toute la diplomatie et le tact dont les véritables orateurs sont capables de faire preuve. Ce n’est que l’avènement d’internet et la possibilité de rester masqué et anonyme pour que ces messages se chargent de haine incontrôlée.

La pratique du Cyberbullying : une spécialité américaine ?

Tout d’abord, il faut rappeler que cette pratique délétère a conduit le gouvernement à poser un cadre pour le définir. Il s’agit donc  » du fait d’utiliser les technologies d’information et de communication pour porter délibérément atteinte à un individu, de manière répétée dans le temps ». Ils peuvent être commis par des adolescents, inconscients de la charge qu’ils portent à l’encontre d’une personne ou encore être le fait d’adultes parfaitement conscients des dégâts qu’ils risquent de provoquer. Les états se sont dotés d’outils plus ou moins efficaces afin de lutter contre ce phénomène grandissant. Les plus grands comme Donald Trump ne se privent pas d’utiliser les réseaux sociaux pour instiller leur venin. Ce sont des contenus au format très courts. Ils suffisent à démonter des stratégies ou encore à saper des réputations.

Mode de fonctionnement du cyberharcèlement

Comment cela fonctionne-t-il ? C’est très simple. Prenez une personne populaire, qui possède de nombreux contacts sur ses réseaux sociaux et une autre qui reste plutôt sur la réserve et n’a que quelques contacts sur son compte. Le rapport est rapide et il est très facile de diffuser largement des messages haineux à une large audience. Il suffit de créer un fil de discussion sur la personne visée. Les commentaires se succèdent, ajoutant des détails ou puisant dans l’encre fielleuse pour ajouter de la haine à la haine. C’est ainsi que procèdent des hommes politiques comme Trump ou encore d’autres qui n’hésitent pas à divulguer des « fake news ».

Celui qui fait l’objet de ces tweets ne tarde pas à recevoir de nombreux retours. Avec les Emojis, il est encore plus facile de répondre rapidement soit pour soutenir, soit pour infirmer une opinion. Le fait que ces avis soient totalement dématérialisés incite à la plus grande liberté de ton, voire aux emplois de termes plus qu’outrés. Ce sont des messages d’invective insupportables pour des régimes démocratiques dans lesquels ils sont émis. On se souvient de cette ancienne élue du Front National qui avait comparé la ministre Christiane Taubira à un singe.

Heureusement, son cas a été jugé. Elle a écopé d’une peine de neuf mois de prison, assortie de cinq ans d’inéligibilité ainsi que de 50 000 euros d’amende. Il semble possible d’obtenir réparation lorsque l’on a été effectivement victime de Cyberbullying. Cependant les condamnations ne sont-elles pas insuffisantes au regard de tout ce qui est envoyé via les réseaux sociaux ? Prennent-elles en compte le malaise plus profond qui se cache derrière ces insultes ?

Quels sont les organismes compétents en matière de cyberharcèlement ? 

cyberharcelementLa Cnil, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés a pour première mission d’informer les individus sur leurs droits et leurs obligations.

Compétences

En dehors de cela, elle a pour fonction de protéger. Pour ce faire, non seulement elle joue un rôle d’informateur auprès des personnes dont certaines données circulent sur internet mais c’est également elle qui instruit les plaintes émanant d’individus qui éprouvent des difficultés à exercer leurs droits. Cette commission dispose de l’autorité pour mener des investigations. Elle peut ainsi collecter des informations mais également surveiller des organes d’information. La CNIL veille ainsi à ce que certaines données ne soient pas divulguées. Elle s’assure qu’elles sont traitées avec objectivité.

Sanctions

Enfin, cette commission détient le pouvoir de sanctionner les contrevenants aux règles qui régissent les lois sur l’informatique et la protection des données, qu’elles soient sensibles à savoir concernant la sécurité de l’état ou autres. Les peines encourues vont du simple avertissement pour ce qui concerne l’abus de téléchargements jusqu’à des amendes de 3 millions d’euros. Évidemment, l’injonction de cesser le traitement de certaines données ou pratiques contraires à la loi va de pair avec ces sanctions. En 2017, la Cnil a traité quelque 8 360 plaintes et plus de 4 000 demandes de droit d’accès émanant de fichiers de police et de gendarmerie. Les chiffres concernant les plaintes sont en augmentation ainsi que les demandes d’accès ce qui indique que le cyberharcèlement a de beaux jours devant lui et que cette seule commission n’est sans doute pas la panacée.

Comment prévenir le cyberharcèlement ? 

La sensibilisation 

C’est évidemment un poncif : « Il vaut mieux prévenir que guérir », mais comment procéder pour être véritablement efficace et empêcher la prolifération de cette gangrène qui infecte internet et cause tant de problèmes ? 

Tout d’abord, il faut impérativement protéger les plus jeunes. Pour les 13-17 ans, ils sont en effet 40% à déclarer avoir déjà subi une agression en ligne. C’est considérable et éminemment dangereux quand on sait que ce sont eux qui sont les plus sensibles aux messages concernant leur physique, leurs parents, leurs activités, leur religion ou tout autre signe de différence qui en fait immédiatement la cible d’attaques répétées.

Les parents doivent les instruire des règles de conduite à suivre comme pour tout ce qui concerne les règles de vie en société. Ce sont des mesures de précaution comme ne pas communiquer trop facilement ses données personnelles. De façon à sécuriser l’accès à leurs comptes respectifs, ils doivent choisir des mots de passe assez complets avec des chiffres, des lettres ainsi que des caractères spéciaux. Sur les réseaux sociaux, il faut encourager l’accès limité de leurs données à leurs proches et à certaines personnes dont ils sont totalement sûrs. Il suffit pour cela de paramétrer son système d’accès.

Le contrôle parental 

Pour les plus jeunes enfants, car on déplore qu’ils soient de plus en plus victimes de cyberharcèlement dès l’école primaire, les parents peuvent utiliser le contrôle parental avec des logiciels qui leur permettent de surveiller les contenus et les vidéos qui circulent sur leurs enfants. Les fournisseurs d’accès à internet sont en mesure de fournir des logiciels de contrôle autorisant les parents à exercer ce droit de regard. Des guides de conduite à suivre sont disponibles sur internet comme celui de l’association e-enfants qui propose un panel d’outils et de conduites à mettre en place afin d’éradiquer ce fléau. Cette association très présente rappelle le devoir qu’assume le personnel encadrant et éducatif qui doit relayer des messages de prévention pour renforcer le dispositif et doter les enfants d’une conscience plus claire pour ce touche aux agressions via internet et les réseaux sociaux.

Des campagnes de sensibilisation à ce sujet comme pour tout ce qui concerne d’autres problèmes de société comme le SIDA sont organisées, mais elles restent des initiatives encore trop marginales. Pour les adultes, les mêmes conseils de précaution prévalent. Ils sont généralement mieux armés, sauf peut-être les néophytes ou encore les personnes plus âgées, pour lutter contre ce mal.

Comment constituer des preuves solides pour votre dossier ?

La plainte avec demande de suppression des données 

Comme pour toute dénonciation de harcèlement, la plainte que vous allez déposer doit être assortie de preuves afin que les autorités puissent prendre les mesures à l’encontre de l’auteur du cyberharcèlement. Pour ce faire, il faut absolument pratiquer des captures d’écran de tous les messages agressifs et de toutes les vidéos qui vous mettent en scène. Elles constituent des preuves irréfutables du harcèlement dont vous êtes victime. Il faut conserver les barres d’adresses qui hébergent ces données.

Vous pouvez ensuite demander la suppression de tous les éléments que vous jugez contraires à votre intégrité. Vous avez également le choix de recourir à un huissier de justice. Il dresse un constat de tous les contenus vous concernant et propres à porter atteinte à votre personne. Il faut rappeler qu’un numéro d’aide aux victimes est à leur disposition avec le 116 006. Ce numéro apporte un soutien en vous mettant en relation avec les associations efficaces pour contrer la situation qui pèse sur votre vie personnelle ou professionnelle.

Prise de contact avec un organisme spécialisé 

Pour le cas où c’est vous qui constatez un cas de cyberharcèlement sur une personne tierce, que vous fassiez partie de l’équipe enseignante ou que vous soyez un parent ou une relation, vous devez impérativement avertir la direction de l’établissement de la personne harcelée. Un numéro vert reçoit les appels concernant les soupçons de cyberharcèlement. C’est le 0800 200 000. Il vous met en relation avec des personnes compétentes, aptes à recueillir votre témoignage pour le traiter efficacement. Un courriel peut également être adressé à [email protected]. Vous obtenez des informations de façon à conforter ou à démonter votre intuition. Dans tous les cas, il est important d’effectuer un signalement.

Des attitudes de bon sens et des outils performants existent bien afin de lutter contre le cyberharcèlement qui se démocratise et touche toutes les couches de la société. Notre modèle social de plus en plus individualisé favorise l’émergence et la prolifération de conduites répréhensibles. Des personnes trop naïves ou mal formées aux dangers des réseaux sociaux sont les proies de contempteurs, voire de véritables malfaiteurs. Ces personnes n’ont aucun scrupule à vous saper, quitte à vous conduire à des actions suicidaires. Leurs victimes sont souvent des personnes qui recherchent une valorisation par le biais de rencontres fortuites, sans enjeux puisque dématérialisées.

Néanmoins, rien ne vaut un véritable face à face pour mieux s’engager dans une relation. En attendant de bénéficier de la véritable Intelligence Artificielle pour trier le bon grain de l’ivraie et reconnaître d’éventuels harceleurs, mieux vaut se protéger. Si les réseaux sociaux semblent offrir des possibilités de rencontres infinies, encore faut-il les choisir avec lucidité !

Pour défendre vos intérêts privés, prenez contact avec l’agence AFIP au 01.88.31.07.83 ou via le formulaire de contact

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